En effet, différents conciles de cette époque ont fait obligation d’enclore les cimetières et d’y dresser des croix afin de leur redonner leur caractère sacré qui allait jusqu’au droit d’asile. Il faut préciser qu’au moyen âge les rapports avec la mort étaient bien différents des nôtres. Les cimetières s’ouvraient librement vers l’extérieur, les herbes folles poussaient entre et sur les sépultures. Les enfants y jouaient. Des marchés, des réunions et même des fêtes s’y tenaient. A l’occasion le bétail venait paître.
Ce type de monument est parfaitement connu dans la littérature archéologique, où par exemple, on peut relever la définition suivante : « L’arbre de la croix est formé par une colonnette ou un pilier à pan coupé dont la décoration indique le style. Les bras sont très souvent fleuronnés. Au centre, on voit aussi une représentation, d’un côté la vierge et de l’autre de la crucifixion. Quelque fois même, ce sujet offre un groupe assez important. ». Comme les églises, toutes ces croix étaient orientées vers l’est, c’est-à-dire que la face où figure le christ se trouvait à l’ouest pour, quand on le contemplait, être positionné en direction du levant. Du côté exposé à l’est la représentation de la Vierge regardait vers le levant, peut-être pour symboliser à chaque lever du jour la naissance et la résurrection de Jésus.
Le fût supportant la croix a soit une forme octogonale, soit il imite le tronc d’un arbre, comme par exemple à l’ancienne croix du cimetière détruit de Saint-Martin-d’Auxy dont nous avons pu recueillir un élément important. Le socle n’était pas un simple dé ouvragé, mais souvent un bloc facetté et mouluré ou encore quadrangulaire supportant parfois des anges. Ce fut notamment le cas à Saint-Martin-d’Auxy et, si l’on en croit Eugène Fyot, au Breuil. Ce support reposait la plupart du temps sur un piédestal carré comprenant deux ou trois degrés.
Jusqu’au 18ème siècle, les actes de justices, les sentences, les décisions importantes, les promulgations diverses étaient prononcées soit devant le château seigneurial, le porche de l’église ou la croix du cimetière qui, de ce fait, prenait un rôle social important. Par exemple dans les archives à Mâcon on peut lire :
« Ce jourd’hui, Dimanche cinq avril mil sept cent soixante sept audevant de la Croix de pierre du cimetière de la paroisse du Breuil, lieu accoutumé pour tenir les assemblées de ladite paroisse à l’issue des vespres de paroisse qui ont été aujourd’hui dittes, chantées et célébrées, le peuple et les habitants en grand nombre sortant de les entendre, pardevant moi Mathieux François Saclier puiné praticien résidant à Montcenis soussigné et greffier ordinaire de la justice, ont comparu etc..... » (ADSL - B 2125/70)
LA CROIX DES PAGNES
Comme pour beaucoup d’anciennes croix de chemin, il faut rester modeste et avouer que pour l’instant on ignore tout de son origine. En tout état de cause, elle n’a jamais marqué la limite paroissiale qui se trouve à plus de deux kilomètres vers l’est.
Plus simplement il devait s’agir d’une croix de chemin située en bordure de l’ancien itinéraire bien connu dans les textes médiévaux et qui en allant de Toulon à Couches par le Gratoux près du Monay, passait par le Bois Labert, les Pagnes et la croix de la Beaujarde.