Christine BUSSO (1967-2008) : « Le Cycle de la Toison d’Or »
L’artiste n’a jamais exposé car elle considérait que son travail n’était pas prêt. « Je continue à travailler et espère pouvoir un jour montrer des résultats enfin aboutis » (mars 1993).
Hélas, la vie n’a pas exaucé ce vœu puisque Christine meurt d’un cancer en décembre 2008, à 41 ans.
En ouvrant ses cartons, sa maman met au grand jour une œuvre stupéfiante où toutes les pièces ont été soigneusement archivées pendant 15 ans. Que faire, alors ? Garder secrète une production qualifiée de « non aboutie » ? Suivre le conseil des professionnels consultés, affirmant, d’une voix unanime : « Il faut montrer » ? Christine elle-même laisse une réponse dans certains de ses écrits où sont notées des « Consignes de restauration et d’exposition ». Les scrupules de la maman s’envolent. Respecter la volonté de sa fille, c’est lui redonner une forme de vie par le biais des expositions et offrir à chacun la beauté qu’elle pensait consolatrice.
Faire connaître l’œuvre et l’artiste.
Née en 1967 à Mont-Saint-Martin (54), brillante élève au Creusot (71), Christine fréquente, à partir de la classe de seconde, une école de danse classique à Lyon. Elle rêve d’embrasser une carrière de danseuse mais de mauvaises chutes l’en empêchent. De ces années exaltées, et de cette frustration, elle garde le besoin vital de développer des mouvements harmonieux. Ses premières créations, à l’atelier des Beaux-Arts, sont des sculptures qui tournoient dans l’espace et le dessinent.
Après 2 ans d’études en Histoire de l’Art à la Faculté de Lyon, puis 5 ans de formation aux Beaux-Arts de Saint-Etienne, elle se lance à corps et à cœur perdus dans une recherche picturale personnelle. Seule, loin des modes et des remous de ce monde, en proie à une passion unique et dévorante, elle travaille sans relâche, acharnée, concentrée sur son univers intérieur, onirique et merveilleux. Elle ne vit, alors, que pour peindre. Ses couleurs sont sa nourriture spirituelle. Les mythes fondateurs de l’humanité constituent son inspiration.
Ses compagnons sont Hermès, Apollon, Orphée, Jason, Bouddha, l’Ange Gabriel, des princes, des princesses… Elle les met en scène entourés d’un bestiaire digne de l’Arche de Noé, d’instruments de musique (lyre, violon, tambour…) symboles de sa « musique-couleur », de centaines de figurants souvent esquissés de profil, animés, vivants.
Une œuvre prend naissance, dans le labeur et le silence.
Une œuvre raffinée, précieuse, généreuse.
Une œuvre qui ravit par son émouvante beauté.
Une œuvre parfois hermétique car irrationnelle. Mais est-il nécessaire de comprendre pour aimer ? Ne suffit-il pas de se laisser porter par la richesse de l’imaginaire, le plaisir du rêve, l’instant de bonheur partagé ?
Afin d’en pénétrer la subtilité, laissons la parole à l’artiste qui se confie dans ses lettres...
« Il faut donc savoir trier, se renouveler mais en restant soi-même, au feu vivant de soi-même, là où l’on est à l’apprentissage de ses propres lois. Éloge du temps et du labeur. Ah, têtue et opiniâtre, mais il me semble que le jeu en vaut la chandelle, simplement pour toujours se réconforter, et pouvoir réconforter ». (mars 1994).
« En ce moment, alchimie encore, transmutation avant de voir les images s’alléger, les couleurs atteindre à une pureté minérale ». (mars 1994).« Donner corps à la lumière… La deuxième phase, allegria ! Ce sera poésie et harmonie mais cela ne se donne que sur le papier et dans une intense concentration ». (avril 1994).
« A présent, la Toison d’Or et sa transsubstantiation en L’Agneau Mystique. Les animaux emblématiques aussi : lions, dragons, chevaux. Le chrysme et les divinités anciennes, la musique fondatrice et le concert des anges. Je peins peu au sens pictural mais écris de grands « textes » de rêve ». (Juillet 1994).
« C’est une véritable ascèse pour dompter la couleur, les formes, les thèmes, les formats ». (Décembre 1994).
« Après avoir entrevu les lourds soleils méditerranéens de l’ancienne Grèce, les mythologies et les panthéons antiques, c’est avec soulagement que je vois mon travail s’orienter vers la Toison d’Or, Apollon, Orphée et la lyre, la fabrication d’instruments de musique pour ce lourd violon d’art. Encore une centaine d’études et l’espoir d’aboutir la Toison d’Or et ses êtres sacrés… » (janvier 1995).
Marie-Claude Busso, maman de Christine. Janvier 2016.
Citations extraites de lettres de l’artiste correspondant à la période qui sera exposée à Romilly, du 15 au 31 octobre 2016 : « Le Cycle de la Toison d’or ».
Les œuvres de Christine Busso seront exposées à Paris du 16 au 31 mai 2016 :
Galerie de la Halle St Pierre, 2 Rue Ronsard (18°)
Vernissage le jeudi 19 mai à 18 h
Ouvert tous les jours : Du lundi au vendredi : 11h-18h - Samedi : 11h-19h - Dimanche : 12h-18h